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Les massacres de septembre 1792


Le 20 avril 1792, l’Assemblée nationale déclare la guerre à l’Autriche. Les officiers de l’armée française, issus pour la plupart de la noblesse, se sont retirés ou ont émigré au début de la Révolution. L’armée se retrouve donc sans dirigeant expérimenté devant des troupes beaucoup plus nombreuses. S’en suit alors une période de grande instabilité pour la France. Le manifeste du maréchal von Brunswick, commandant en chef de la coalition austro-prussienne, avertissant que s’il arrivait le moindre mal au roi Louis XVI, il raserait Paris, met le feu aux poudres.


Une Commune insurrectionnelle prend le pouvoir à Paris le 10 août. Louis XVI est suspendu de toutes ses fonctions, incarcéré quelques jours plus tard au Temple avec sa famille. Un Conseil exécutif provisoire se substitue au pouvoir royal.


Craignant pour sa pérennité, le nouveau pouvoir entreprend d’expurger le pays des supposés « ennemis de l’intérieur ». La France devient le théâtre de dénonciations souvent mensongères, de perquisitions, d’arrestations et d’emprisonnements. Le fanatisme d’une partie de la population est alimenté par des pamphlets et articles d’une rare violence, appelant au massacre de toute personne susceptible d’être un ennemi de la Nation. Ainsi, Marat affirme dans l’Ami du Peuple que « le dernier parti, qui est le plus sûr et le plus sage, est de se porter en armes à l’Abbaye [prison parisienne], d’en arracher les traîtres, et de les passer au fil de l’épée. »


La haine exacerbée des « patriotes » à l’encontre de l’aristocratie et des prêtres réfractaires est renforcée par l’invasion du pays par les troupes austro-prussiennes tandis que l’armée française reflue de toutes parts. Certains, craignant un soulèvement des détenus, profitent du climat de peur et d’incertitude générale pour éliminer un grand nombre de « suspects » sous le prétexte de soi-disant complots contre-révolutionnaires.


Le 2 septembre à Paris, vingt-quatre prêtres réfractaires sont transférés de la mairie à la prison de l’Abbaye. Avant même d’arriver, vingt-et-un d’entre eux sont lynchés et mis à mort par la foule. Le même jour, au couvent des Carmes – transformé en prison – environ quarante prisonniers sont massacrés. Un « tribunal » y est créé. Deux heures après, quelques cent-vingt détenus sont exécutés après un simulacre de procès.


De nombreuses scènes similaires ont lieux dans les prisons parisiennes comme au Châtelet, à la Conciergerie, à la Force mais également au séminaire Saint-Firmin, à Bicêtre et à la Salpêtrière. Paris connait les pires atrocités durant les massacres de Septembre : égorgements, décapitations, mutilations, viols… Seuls quelques personnages s’indignent de toutes ces horreurs. Ainsi Manon Roland, membre important du club des Girondins écrit : « Si vous connaissiez les affreux détails de ces expéditions ! Les femmes brutalement violées avant d’être déchirées par ces tigres, les boyaux coupés portés en rubans, des chairs humaines mangées sanglantes ! »


Le 3 septembre, la Commune envoie une circulaire aux différents départements français dont voici le contenu : « La Commune de Paris se hâte d’informer ses frères de tous les départements qu’une partie des conspirateurs féroces détenus dans ses prisons ont été mis à mort par le peuple ; actes de justice qui lui sont parus indispensables pour retenir par la terreur les légions de traîtres cachés dans ses murs, au moment où il allait marcher à l’ennemi ; et sans doute la nation entière […] s’empressera d’adopter ce moyens si nécessaire au salut public […]. » Loin de condamner les exactions commises, le pouvoir en place les justifie et demande aux autorités départementales d’en faire autant ! Dans les jours qui suivent cette circulaire, les massacres se développent partout sur le territoire : Meaux, Versailles, Reims, Caen, Nantes, Lyon et autres villes connaissent de nombreuses atrocités.

Certains historiens prétendent que la circulaire n’influença nullement ces faits.


Le doute persiste cependant encore quant aux véritables instigateurs de ces massacres car une partie des archives a aujourd’hui disparu. Toutefois, si la preuve définitive de la responsabilité du pouvoir en place dans l’organisation des massacres n’est pas établie, il est certain que celui-ci a laissé faire les homicides qui se déroulent du 2 au 7 septembre 1792. La circulaire du 3 septembre incite à le croire, d’autant plus que le Conseil exécutif provisoire n’intervient pas pour stopper les massacres et que l’Assemblée législative ou la Commune de Paris ne prennent aucune mesure à l’encontre des « Septembriseurs ». Cependant, aucun document n’atteste d’une quelconque préméditation.


Les victimes des massacres de septembre, les « conspirateurs féroces » selon la Commune de Paris, sont des prêtres, des aristocrates, des officiers, des magistrats, mais aussi des femmes et des enfants. La plus célèbre des victimes est sans aucun doute, Marie-Thérèse-Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe. Fidèle jusqu’au bout à la famille royale, elle paie de sa vie son dévouement à ses souverains. Après un procès durant laquelle on ne lui permet pas de se défendre, elle est atrocement suppliciée puis égorgée.


Le bilan reste très difficile à établir. Selon différentes sources, le nombre de tués s’étend entre 1.100 et 10.000 morts. Il est cependant plus probable qu’il s’élève à environ 1.500 morts parmi lesquels on dénombre entre 250 et 300 ecclésiastiques. En 1926, 191 victimes des massacres de Septembre sont béatifiées par le pape Pie XI.




Source : « Les massacres de Septembre 1792 », Philippe Roy-Lysencourt - L’Homme Nouveau n°1733.


Marcial

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