2 décembre, 2019
L’hommage national rendu à nos treize soldats morts en opération est un moment de communion entre le pays tout entier et son Armée. Les Invalides y trouvent une part de leur vocation telle qu’elle avait été voulue par leur fondateur, mon aïeul Louis XIV. La France est reconnaissante à ceux qui la défendent.
Ainsi, au-delà de la compassion qui est notre premier réflexe, compassion vis-à-vis des proches de nos morts, mais aussi de leurs régiments et de leurs frères d’armes qui partagent les mêmes dangers jours après jours, nous devons aussi poser les questions de fond. Il est facile de faire des déclarations au lendemain d’un drame, mais si elles réconfortent sans faire oublier la plaie qui ne se refermera jamais pour leurs parents, leurs enfants, leurs épouses, et leurs frères et sœurs, elles demeurent peu de choses par rapport au sacrifice de la vie.
Ces morts ne sont pas des morts ordinaires. Ils nous rappellent à nos devoirs et au plus grand de ceux-ci, servir. Dans un monde qui fait tant de place aux individualismes, le mot même de servir parait désuet si ce n’est oublié. Pourtant sans service, c’est-à-dire de don pour un bien supérieur à soi, il n’y a pas de société qui puisse s’épanouir et assurer à tous non seulement la paix et la sécurité mais simplement le progrès et l’épanouissement quotidien. Le service passe pour la plupart d’entre nous par l’honnêteté du travail bien fait en vue du bien commun ; pour les soldats, il va jusqu’au sacrifice de la vie.
Le rôle des guerriers est reconnu dans toutes les sociétés de l’antiquité à nos jours, comme un des fondements de l’équilibre social. A ce titre il est exalté par les poètes et les écrivains et bénéficie d’une prise en compte spécifique dans la société. Cette place doit être maintenue car il y va de la survie du pays en tant que tel. Nous avons vu ces derniers jours des réactions malsaines apparaître en posant la question de savoir s’il ne faudrait pas se retirer d’un terrain d’opération –si lointain…-, si les centaines de morts que les OPEX déplorent déjà, ne sont pas suffisants. De telles pensées déshonorent ceux qui les professent et vont à l’encontre du service du bien commun qui réunit, justement, tous les Français à leur Armée. Ils savent qu’elle peut se sacrifier pour eux. A eux de mériter ce sacrifice. Les français le prouveront en étant sur le parcours de leurs valeureux héros sur le chemin des Invalides.
Prince Louis de Bourbon, Duc d’Anjou
Comments