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Photo du rédacteurMarie-Noëlle De Pasquale

Voter ou ne pas voter ?

Beaucoup de jeunes pensent qu’il est bon de s’exprimer par le vote, que c’est ainsi qu’on changera le système, qu’on donne de l’importance à une bonne personne. Il y en a aussi qui s’abstiennent car ils ne font pas confiance au système.

Pour ma part, je rejoins le second point de vue puisque mon expérience personnelle, puis ma formation au légitimisme m’ont amenée à rejeter le premier. Je vous expose ainsi mon point de vue dans cet article.




Tout d’abord, le vote en lui-même n’est pas foncièrement mauvais. La démocratie est un moyen de désignation d’un chef, et cela a toujours existé en France. Cependant, le vote dont on va traiter ici est le suffrage universel.

Ce type de démocratie est fallacieux, il repose sur un mensonge, pour mieux asseoir la conception révolutionnaire de l’homme. En effet, quand on choisit un candidat, alors que l’on a aucune compétence en politique, n’est-ce pas orgueilleux ? C’est aussi se croire supérieur à Dieu en choisissant son chef d’Etat, alors que c’est le Seigneur qui choisit son roi. Même si ce mécanisme de pensée est implicite, il n’en est pas moins réel.

Cette conception de l’homme qui se fait dieu, qui prend la place de son Créateur pour décider de la destinée de son pays, voilà la raison d’être du suffrage universel ! « […]l’homme moderne estime superbement qu’il est parvenu à la phase adulte de son évolution, il doit donc s’affranchir de cette morale d’un autre âge, élaborée par l’esprit archaïque, frustre et masochiste de nos ancêtres. L’évolution est inéluctable, c’est le fameux sens de l’histoire. »[1]


Le suffrage universel a d’ailleurs été toujours condamné par l’Eglise, dès le départ. En effet, il permet à toute personne de décider, quelles que soient ses compétences, son instruction politique, et il donne à chaque voix le même poids. N’y a-t-il pas ici une injustice notoire ? Comme le dit Mgr Delassus : « Il faudrait en exclure ceux qui, tout autant que les enfants, sont incapables d’en mesurer la portée ou sont incapables d’en user honnêtement. Telles sont, quand il s’agit du Pouvoir suprême, les multitudes ignorantes des hautes questions politiques, faciles à séduire par quiconque les flatte, ou qui, absorbées par les nécessités quotidiennes de la vie, sont incapables de préférer l’intérêt général à leurs intérêts particuliers du moment (…) C’est l’homme abstrait, l’homme irréel que le système appelle aux urnes. Le père d’une nombreuse famille n’a pas plus de droits que le célibataire ; le Président de la Cour de Cassation n’est pas censé être plus compétent, ni plus incorruptible que son cocher ; le bulletin du maréchal Foch n’est que l’équivalent de celui d’un poilu indiscipliné et ivrogne »

La démocratie ne doit s’exercer qu’au niveau local ( à l’échelle d’une ville) et par des personnes compétentes ! Par exemple, dans l’ancienne monarchie, les femmes élisaient la sage-femme du village, car cela les concernait et elles jugeaient avec plus d’acuité des compétences de celle qui allait être élue.


De plus, quand on s’intéresse en toute honnêteté au système démocratique actuel, on y voit plusieurs points rédhibitoires.

Le premier est la perversité du système : la république moderne est un régime anti-humain, anti-chrétien, façonné par les loges maçonniques sous l’inspiration de leur maître : Satan. Pour qu’il fonctionne, ses représentants doivent se conformer à ses principes, ses « valeurs » et ses objectifs. Comment une personne de bonne volonté, catholique, enfant de Dieu pourrait-elle être acceptée à la tête de ce système ? Tout s’y oppose, objectivement parlant. De plus, les lobbys, et groupes d’influences sont à l’œuvre pour truquer les élections : campagnes de dénigrement envers les candidats honnêtes, d’influence par la publicité à outrance et les sondages manipulés en faveur du candidat du système, trucages des résultats avec des scores nettement moins élevés.


Le second point est que, quand on est royaliste, on ne peut pas participer à cette mascarade. L’argument du « moins pire » est à rejeter, car même si c’est moins pire, c’est toujours mauvais, car contraire au règne social du Christ. Comme le dit bien Hannah Arendt : « Politiquement, la faiblesse de l’argument du moindre mal a toujours été que ceux qui choisissent le moindre mal oublient très vite qu’ils ont choisi le mal »[2] De plus, ce candidat, s’il est si bon, ne sera jamais élu. Vous aurez donc engraissé la machine à voter, moteur révolutionnaire, pour un résultat qui ne sera pas celui que vous auriez voulu. Par exemple, le candidat Eric Zemmour : il a conquis beaucoup de catholiques et même des royalistes et n’a fait que 7% des voix au premier tour… Ou encore Nicolas Dupont-Aignan, homme honnête courageux, mais qui ne récolte que 2 ou 3% des voix.


En effet : « Par le suffrage universel, le membre du parti catholique est conduit à adopter l’attitude mentale du révolutionnaire qui n’a d’autre maître que lui-même. Il pratique l’acte révolutionnaire tout en prétendant lutter contre la Révolution. Alors, à son insu, il agit comme un homme-dieu, et si cette [contradiction] ne lui fait pas perdre la foi, les risques sont bien plus grands pour ses enfants. N’oublions jamais que l’on finit toujours par penser comme on agit[…]. »[3]


Enfin, le vote n’est pas une manière de « changer les choses ». En effet, puisque les élus sont opposés à nos valeurs, il est naïf de croire que voter aura eu la moindre influence sur leur manière de penser ! Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. La société ne changera que si on s’investit au niveau local : dans sa mairie, dans les associations locales. Il faut reconquérir une âme par une âme, lutter pied à pied mais à son échelle et concrètement.

De plus, le côté spirituel est à considérer, puisque c’est avant tout une bataille surnaturelle qui se joue ! L’arme de choix reste le Rosaire, et les membres de « La France prie » l’ont bien compris ! C’est la prière qui nous établit enfant de Dieu, c’est la prière qui fera monter sur le trône le Roi selon le Cœur de Jésus. Cette citation du saint Curé d’Ars est puissante : « Un Ave Maria, bien dit, fait trembler tout l’Enfer. »



Pour conclure, tout est dit dans la déclaration du Comte de Chambord : Telle que je la comprends l’abstention n’est pas un défaut d’affirmation ; elle est au contraire une affirmation et une protestation éclatante. C’est s’affirmer, c’est protester que de dire au pouvoir :

-les royalistes ne veulent pas se prêter à vos mensonges ;

-ils ne veulent pas avoir l’air de prendre au sérieux vos prétendues institutions - -ils ne veulent pas, en acceptant une lutte trop inégale, ajouter l’apparence d’une opposition vaincue à votre facile triomphe.

[...]Croyez-le bien : lorsque le moment sera venu, l’abstention d’aujourd’hui deviendra pour les royalistes un titre et une recommandation de plus devant leurs concitoyens. [...] Croyez qu’il m’en coûte de détourner pour un temps les royalistes des fonctions électives et de la vie publique. [...] Mais, j’en suis convaincu, la protestation incessante par l’abstention publique, telle est la vraie mission des royalistes, sous un régime monstrueux qui semble contrarier à plaisir les instincts et les besoins de la France, qui remplace le sentiment moral par le cynisme, la liberté par l’intimidation électorale, les réalités fécondes du gouvernement représentatif par les misérables simulacres d’un constitutionnalisme mensonger.»[4]


 

Pour aller plus loin dans la réflexion :

Emission du Club des hommes en Noir, de l’Homme Nouveau : https://youtu.be/ueUaLw2E96I

La souveraineté du peuple est une hérésie, par le R.P. Charles Maignen : https://catholiquedefrance.fr/la-souverainete-du-peuple-est-une-heresie-charles-maignen-docteur-en-theologie/ ; Excellent ouvrage, court.

[1] Introduction à la légitimité, UCLF, 2021, page 142. [2] Article de Vexilla Galliae : « Élections présidentielles : entretien avec Olivier Rouot, auteur de Tu ne voteras point », 8 avr.2022 . [3] Introduction à la légitimité, UCLF, 2021, page 152 [4] Henri V, cité par Daniel de Montplaisir, Le comte de Chambord, dernier roi de France, Perrin, 2008.

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